Le livre Ma Vie au service de la paix, paru aux éditions Jean Picollec, est écrit par le Coréen Sun Myung Moon, fondateur de l´Eglise de l’Unification, qualifié de « secte » en France. L’éditeur nous explique comment et pourquoi il a pris la décision de publier cet ouvrage dont la presse, hormis Ouvertures, ne parle pas.
Jean-Luc Martin-Lagardette.- En publiant ce livre sur un mouvement ainsi controversé, vous avez pris des risques...
Jean Picollec.- Ça ne me dérange pas ! Je ne cherche pas la polémique mais je n’aime pas me coucher. Je préfère vivre debout avec mes convictions. Je ne suis pas du tout mooniste. Mais je ne suis pas non plus un inquisiteur.
- Comment avez-vous été amené à publier cet ouvrage ?
- Tout a commencé avec le livre de Roland Jacquard Au nom d´Oussama ben Laden, écrit avant les attentats du 11 novembre 2011 et que j’ai publié juste après (cf. interview ci-contre). J’avais aussi édité, il y a une trentaine d’années,Le Défi soviétique, de Claude Durand-Berger, qui avait flirté avec les Moonistes. Par l’intermédiaire de ce dernier, et suite à mon livre sur Ben Laden, j’ai été invité à un colloque sur le terrorisme aux Etats-Unis, à Arlington. La manifestation était organisée par une des quatre plus grandes agences de presse d’alors, United Press International (UPI). Or celle-ci avait été rachetée par Moon. Elle avait des journalistes américains en poste en France, que j’ai rencontrés. J’ai également assisté à plusieurs spectacles offerts par le mouvement, dont celui des Petits Anges (danses folkloriques).
Il y a deux ans, le responsable français du mouvement, Jean-François Moulinet, me propose de publier le livre de mémoires de Sun Myung Moon. Mais elles étaient rédigées en coréen ! Je n’y avais alors jeté qu’un coup d’œil. Puis un compatriote [un Breton], Jean-Pierre Le Guilly, m’a amené une traduction. Le texte est clair, fluide ; les chapitres sont courts ; c’est un sujet inédit. Je me suis alors vraiment intéressé au livre. Et, à l’occasion d’un voyage à un colloque organisé par les Moonistes à Séoul, j’ai dit banco !
- Au delà de la polémique envisageable, quel intérêt pour le lecteur français ?
- J’en vois principalement deux. D’abord un intérêt historique et politique. Les Français savent peu de choses sur l’occupation japonaise en Corée du Nord, dont Sun Myung Moon a connu les geôles. Et peu de gens, y compris parmi les intellectuels, se sont préoccupés de cet autre mur de Berlin que représente la coupure du 38e parallèle [toujours en vigueur entre les deux Corées]. C’est une histoire de la confrontation monde communisme/Occident, dont l’auteur est un acteur parmi tant d’autres.
Ensuite, le mouvement mooniste touche des millions de personnes dans près de deux cents pays, et ce depuis soixante ans ! Il y a quand même de quoi s’interroger sur ce phénomène, non ? En tant qu’éditeur, je suis interpelé.
- Pourtant, ce phénomène est généralement passé sous silence…
- C’est stupéfiant de voir à quel point les médias s’en désintéressent ! C’est pourtant quelque chose ! De tout temps, on a vu se manifester des prophètes ou des représentants de Dieu. La plupart d’entre eux essaiment dans quelques pays, végètent ou disparaissent. Rappelez-vous le « Christ de Montfavet », par exemple : on en a parlé pendant quelques années seulement. Pareil pour le Mandarom. Près de chez moi, il y a une chapelle du culte antoiniste : je n’y ai jamais vu rentrer des foules…
Je ne porte pas de jugement de valeur sur Moon, mais son impact est objectivement énorme ! En France, le sujet est mis à l’index sans analyse sérieuse. C’est injuste. Surtout de la part de gens qui crient « Non à l’exclusion ! » et qui sont les premiers à exclure ceux qui ne leur plaisent pas.
article original : http://www.ouvertures.net/portail/l_id.asp?doc_id=504
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